Morceaux choisis

J’apprends l’autre jour par un signalement d’Alexis Hyaumet la préparation d’une nouvelle adaptation de Blanche-Neige, version blockbuster (Snow White and the Huntsman, dir.: Rupert Sanders, 2012). La discussion sur Facebook moque, à partir du trailer, les stéréotypes issus de la tradition récente du cinéma à effets: méga-bataille à la Robin des bois de Ridley Scott, monstre et effets spéciaux façon Harry Potter, guerrier costaud «qui agite des haches en faisant des moulinets avec ses bras et en criant: « raaaaaaaaaaaaah! »», et autres citations plus ou moins appuyées.

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Est-ce parce que l’histoire de Blanche-neige fait partie du patrimoine commun que cette série d’emprunts ou d’allusions, pas vraiment raccord avec le scénario des frères Grimm, apparaît comme autant de pièces rapportées? Est-ce parce que n’importe quel film à gros budget d’Hollywood comporte maintenant le passage obligé par un certain nombre de gimmicks comme une liste de courses? Toujours est-il que le projet n’a pas l’air de convaincre le petit groupe de cinéphiles, pourtant amateurs de films d’action.

On sait le désarroi qui frappe Hollywood et contraint à la surenchère de scènes à effets, qui dénature aujourd’hui n’importe quel projet cinématographique grand public. Mais ce qui me frappe, c’est la vitesse de constitution de ce répertoire de syntagmes, tous issus de productions récentes, et d’autant plus identifiables. Ne faudrait-il pas essayer de fixer les points de repère et la chronologie de ce vocabulaire? Par exemple la scène de baston, qui ne devient un must qu’après Matrix (1999), qui en réécrit profondément les codes, sous la forme d’impossibles chorégraphies, à partir du modèle des jeux vidéos.

Accessoirement (et question à Alexis), n’est-ce pas précisément cette narrativité de répertoire, caractérisée par le collage de morceaux choisis, qui constitue l’emprunt le plus significatif à la forme du jeu vidéo au cinéma?

Saturation des effets

Entendu l’autre jour David Abiker énoncer tranquillement: ce que fait Lady Gaga, c’est de la merde. Même s’il est particulièrement difficile, et peut-être impossible, d’évaluer sereinement les qualités de la production de la Lady, un tel verdict me paraît plus marqué par le préjugé que par l’à-propos. On peut ne pas apprécier ce que fait Gaga, mais ce n’est certainement pas « de la merde« .

Face à un tel monument de construction de la réception, ce qui m’intéresse sont mes propres perceptions et leur évolution. Il s’avère que j’ai noté au moment de sa sortie ce que je pensais de la chanson Téléphone, entendue par l’intermédiaire du clip de Jonas Akerlund. Or, précisément, je n’ai rien entendu du tout. A en juger par ma réaction tout entière focalisée sur l’avalanche des effets visuels, j’en arrivais à nier purement et simplement la composante musicale de cette proposition.

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