La disparition de Nicolas Sarkozy

J’avais signalé au début de l’été la couverture de Match qui montrait Nicolas Sarkozy en costume de bain, aux côtés de Madame. Il est logique de refermer la page des vacances avec celle des Inrocks qui lui fait écho en affirmant: « Les politiques à poil devant la crise ».

Certes, on voit bien que l’original est moins poilu et moins svelte que le corps rajeuni du magazine. Il n’en reste pas moins que la vision d’un président en costume d’Adam constitue un accroc à sa majesté qui aurait pu valoir en d’autres temps, sinon un procès, du moins le grognement d’un Frédéric Lefebvre ou le rappel à l’ordre d’un membre de la majorité.

C’est le silence qui accueille cette image satirique qui intrigue. A un moment où les héros de la primaire socialiste occupent les colonnes et les ondes, on se demande à vrai dire si Nicolas Sarkozy existe encore comme personnage politique pour l’univers médiatique. Scotché au plancher par les sondages, absent des couvertures (à l’exception de celle du Point du 1er septembre, qui ressemble à un adieu), il semble désormais tenir du meuble dans lequel on se cogne plutôt que du porte-drapeau de l’avenir majoritaire.

Avec le recul, mon interprétation politique de la couverture de Match me paraît s’effriter. La pipolisation de l’image du président en bermuda n’était peut-être que le premier signe de sa disparition comme chef politique, l’avant-goût de la privatisation qui attend le papy et futur papa, qui troquera bientôt son habit présidentiel pour les plaisirs simples de la retraite et de la vie de famille.

9 réflexions au sujet de « La disparition de Nicolas Sarkozy »

  1. « le papy et futur papa, qui troquera bientôt son habit présidentiel pour les plaisirs simples de la retraite et de la vie de famille. »
    Je l’imagine plutôt reprenant son activité d’avocat d’affaire en utilisant son image présidentielle comme un levier pour créer de la richesse (comme disent les traders). Président de la République c’est bien pour le pouvoir, mais c’est un métier de gagne petit pour un vrai riche. Et la fascination de Sarkozy pour l’argent est une évidence. La vie de famille ce sera pour une autre fois.

  2. @ Thierry: Oui, tu as sans doute raison. Ma formule ne faisait qu’essayer de mettre des mots sur la promesse iconographique de Match – qui, il faut l’avouer, voit la vie essentiellement à travers le prisme familial…

  3. je me demande pourquoi on a laissé ses(?) chaussures au minuscule, sur la photo… ? (drôle d’idée, ça devait faire trop de boulot de retouche, je suppose)

  4. @PCH

    Les banques d’images proposent, j’imagine, quantité de messieurs nus, avec ou sans poils, avec ou sans chaussures, assis, debout, couchés. Ici, de toute évidence, les chaussures noires renvoient aux caricatures de Willem dans Libé qui ne manque pas une occasion de montrer que sans ses talonnettes-ergots de coq il est encore plus minuscule…

  5. La photo d’illustration parfois ne doit pas prêter à confusion. C’est parce que cette image est de toute évidence une illustration, qu’elle est utilisable en couverture par les Inrocks…
    Le journal a utilisé Photoshop pour monter le visage proprement sur le corps pour l’effet coup de poing de la couverture. Mais ils se sont bien garder de trop Photoshoper l’image (en corrigeant le système pileux par exemple) pour qu’il soit évident que l’on n’est pas en présence d’une photo du Président dans toute sa gloire, mais bien devant l’utilisation d’une image récupérée dans une banque d’image pour illustrer le concept des « politiques à poil devant la crise ».

  6. @Thierry: Tout à fait d’accord. Ça donne donc une image assez spéciale d’un corps nu qui nous dit: je ne suis pas son corps – d’un montage qui doit se dénoncer comme tel pour être publiable. C’est le contraire de la retouche cachée: l’image doit afficher son artificialité pour être acceptable.

  7. Ah moi je n’ai pas douté une seconde que votre allusion à sa « vie de famille » comme papy et père était de la plus grinçante ironie ! Comment un type qui n’a pas eu de père, qui se comporte assez régulièrement en ado pas fini, qui n’a pas été foutu capable d’obliger son grands dadais de Prince Jean à assumer ses actes de chauffard sur deux roues, pourrait-il agir en bon pater familias ?

    Et je ne vous parle pas de son exhibition aux paparazzi du jeune fils Enthoven à Petra, tout père normalement protecteur les aurait virés à coups de pieds dans l’APN !

    Ou de son projet fou de coller sur les épaules des enfants de CM2 le fantôme d’un petit juif mort carbonisé, il faut, encore moins que père, n’avoir jamais été un enfant pour imaginer une telle horreur !

    PS J’ai bien aimé le très harlequiné « délicieuse attente ». Comme quoi les rédacteurs de PM prennent vraiment leurs lecteurs pour des QI à deux chiffres.

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