Metaconversations

L’équipe des blogueurs animateurs de Culture Visuelle entretient également des liens étroits sur Facebook. Ce qui explique le peu d’usage du réseau social de la plate-forme, qui apparaît superflu. Mais cette situation permet aussi d’observer de plus près la fameuse articulation blogs/réseaux sociaux (habituellement interprétée sur le mode du « ceci tuera cela« ). Il arrive souvent qu’un billet génère deux conversations parallèles, l’une sous la forme habituelle des commentaires sur le blog, l’autre à partir du signalement effectué sur Facebook.

On pourrait craindre que la discussion sur le réseau social phagocyte l’activité de commentaire du blog. Mais en réalité, ces conversations ne sont pas de même nature. La règle tacite a établi qu’un commentaire sur Culture Visuelle doit être une réaction élaborée, sérieuse, à la manière d’une intervention en séminaire. Sur Facebook, en revanche, s’appliquent les règles conversationnelles habituelles du réseau: on like, on lole, on blague, dans le confort du groupe d’amis et la protection de l’entre-soi. Dernier exemple typique: un billet où j’évoque mon âge, qui a généré deux conversations de 11 commentaires et 5 like sur Facebook, ce qui  suggère que le billet n’a pas laissé indifférent, alors que – comme je m’y attendais – personne ne s’est risqué à le commenter en public. On peut également citer l’échange acide que j’ai eu avec Jean-Michel Frodon, dont même la conversation publique a suscité des déclinaisons plus ou moins sarcastiques sur Twitter et sur Facebook.

Les règles conversationnelles de Culture Visuelle ne peuvent être étendues à la totalité des blogs. Elles suggèrent néanmoins fortement que le blog perdurera comme une forme lettrée et élitaire, tandis que le réseau social gardera en partage une communication plus détendue et plus quotidienne. Ce qui reste fascinant est la capacité des acteurs à investir toute la gamme des interactions offertes par la diversité des outils. La conjonction du blog, de Facebook et de Twitter permet d’élaborer une métaconversation simultanée à plusieurs niveaux, d’une grande complexité, et dont la gestion live peut devenir un jeu en soi. Non, décidément, ceci ne tuera pas cela.

20 réflexions au sujet de « Metaconversations »

  1. Si j’ai rien écrit sur ton billet du Big Brother et ton âge, c’est parce que j’étais occupée jusque là.
    J’ai le faible avantage d’avoir trois mois de plus que toi et de te le rappeler régulièrement, notamment parce que tu achoppes sur les mêmes marches 😉 Fight-o !

  2. Pour le train et les contrôleurs qui zyeutent plusieurs fois par semaine ma carte Grand Voyageur, sur le blog.
    Sur la baisse de la luminosité des lampes basse consommation, sur FB.

  3. Le plus drôle, c’est qu’en page « CV » j’apparais simultanément en silhouette »non-loguée » dans les « derniers commentaires » de ce billet, et logué avec photo sur « activité du site ».

  4. Ping : Topsy.com
  5. mdrrr… J’aime..
    Je suis vos publications sur Culturelle visuelle genialissime..
    mais par ce billet, oh !!! nous ne sommes pas en contact sur FB,j’ai donc raté votre anniversaire !
    Une demande est partie a l’instant, afin de me rattraper.. 🙂

    « Non cela ne tuera pas cela ».. + 1

    Nous n’utilisons pas le meme language selon les supports
    L’articulation et les passerelles qui s’y creent sont differentes. De meme, FB, Twitter, portail, site, si je peux apporter temoignage, nous etablissons des doubles et triples conversations, quintuple meme avec le telephone et les rencontres enfin qui nous font si plaisir..
    (une sorte d’aboutissement ?)

    Quelle chance !! les premiers à vivre dans l’Histoire cette aventure extraordinaire marquant l’an 10 de ce millenaire..
    (Il commence a ne plus vouloir ressembler du tout a l’ancien!) on croise les doigts en tout espoir pour ceux qui utilisent internet afin de defendre leur vie et liberté..
    merci de ce petit billet
    bien a vous.

  6. J’ai remarqué que Culture Visuelle est très bien référencé. Je suis toujours loguée quand j’écris un commentaire, tout le monde peut trouver très facilement ce que j’écris ici en tapant mon nom sur google. Ceci explique en partie pourquoi je ne me « lâche pas ». Mais la première raison, c’est que je ne vous connais uniquement par vos écrits, je me vois mal vous faire une tape dans le dos quand je suis d’accord et éructer quand je ne le suis pas.

    Ceci est un test, je ne suis pas loguée : « Je kiffe grave ce billet, LOL »

  7. @Audrey Gourd: Bonne remarque, la dimension publique de CV est encore un peu plus publique du fait de son référencement 😉

    Cela dit, le ton plutôt posé des discussions dans CV est clairement un atout plutôt qu’un inconvénient. On voit suffisamment en d’autres lieux que la possibilité d’interaction ne suffit pas à construire les conditions d’un dialogue. Un certain formalisme est tout à fait indispensable à l’échange, en particulier quand les opinions sont dissemblables. La culture scientifique, qui a une pratique séculaire de la controverse comme outil d’amélioration de ses jugements, a mis en place des règles du jeu qui permettent à l’échange intellectuel de se dérouler sans verser dans l’insulte ou le point Godwin. Culture Visuelle offre un bon exemple de la productivité de la conversation lorsque celle-ci est conduite dans des conditions favorables. – Ce qui n’empêche pas de se lâcher sur Facebook ou autour d’une bière… 😉

  8. Tout à fait d’accord avec André. J’ajouterai qu’à mes yeux, le grand intérêt des échanges tels qu’ils se déroulent sur Culture visuelle est dans la bienveillance des points de vue : ils peuvent être contradictoires, mais ne virent pas pour autant à l’aigre, comme si souvent dans les controverses dites « scientifiques ». Cela met en confiance et permet de s’engager plus avant dans la discussion quand bien même nos interlocuteurs ne sont pas tous du sérail universitaire. Ce qui constitue une autre richesse appréciable de CV.

  9. Très pertinent ! Pour l’expérimenter depuis plus d’un mois, facebook permet de passer en courant d’air, « d’être un peu là quand même » (like par-ci par-là, un partage rapide), alors même qu’on est accaparé ailleurs, et que, malheureusement, on ne peut pas laisser un commentaire réfléchi et construit sur CV (mais ça, c’est pas toujours « parce qu’on a pas le temps » !)…

    Alain (qui tente de suivre un peu quand même les merveilles qui sont publiées ici)

  10. Un témoignage sur l’expérience de l’École Nouvelle d’Antony dont je m’occupe un peu.
    Nous avions déjà un site pour l’école (pas très actif et peu pratique à mettre à jour. J’ai donc ouvert un blog en WordPress au nom de l’association des parents. Ça permettait une communication plus rapide et moins institutionnelle. Puis, l’école a eu besoin de se faire connaitre davantage, j’ai donc ouvert une page sur Facebook (par la suite, on a redéfini ces pages pour éviter la confusion entre la page officielle de l’école, celle de l’association des parents et celle de la bibliothèque pédagogique).

    Sur le blog des parents, j’ai désactivé les commentaires pour éviter à avoir à m’en occuper et aussi pour éviter des dérapages possibles (parano). Mais sur Facebook, j’ai laissé libre de poster et commenter. Pourquoi ? Sur Facebook, les utilisateurs prennent rarement un pseudo, ils assument donc d’avantage leurs écrits que sur un blog.

    Dans la pratique on a donc un espace d’information qui peut être lu par tous et qui donne une image « officielle » de l’école et Facebook pour laisser tout le monde écrire, donc pas forcément des gens de l’école, ce qu’il veut et assume. Facebook a donc une fonction publique, quand le blog serait plus privé ou officiel.

    L’autre intérêt de Facebook (outre l’effet de mode qui fait que tout le monde y est et que donc c’est devenu de fait, l’espace de rencontre possible du moment — ce fut Flickr à une autre époque — ) est qu’il permet de centraliser les activités de différents sites (comme le fond les flux RSS, mais avec un côté plus convivial.

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