Copé pas encore condamné (par les images)

Sélection de Unes de quotidiens français du 28/05/2014.

A en juger par l’échantillon représentatif des quotidiens, le traitement iconographique de la chute de Jean-François Copé est resté modéré. A l’exception notable du Républicain Lorrain, qui ose une caricature photographique, avec un titre sec (« Copé viré »), les Unes de ce matin adoptent une gamme d’expressions qui oscillent entre l’embarras et la gaffe (variations d’interprétation possibles du geste de la main devant la bouche), et ne sont pas sans rappeler le tout début de l’affaire DSK, à un moment où la presse française hésite encore à qualifier l’événement.

On accordera toutefois une mention spéciale au contresens du Figaro, qui a déniché une photo de 2011 montrant Raffarin, Fillon, Copé et Juppé attablés derrière un même pupitre – une vision irénique qui ne manque pas de sel au moment où l’un des commensaux se fait piétiner par les trois autres, mais qui correspond à la perception très altérée du réel que le quotidien de Serge Dassault offre habituellement à ses lecteurs.

Ce traitement est-il proportionné à la nature de l’événement? Compte tenu de l’appartenance politique de l’intéressé, on ne peut que remarquer la retenue d’organes classés à gauche, comme L’Humanité ou Libération (où la moindre incartade de Jean-Luc Mélenchon est souvent traitée de façon plus cavalière).

Alors que les militants eux-mêmes évoquent un « désastre moral« , cette modération très consensuelle apparaît de façon encore plus nette lorsqu’on se reporte au choix d’images spécialement concocté par l’AFP pour ses clients. Composé d’un grand nombre d’images connotant la préoccupation, à grand renfort de mouvements de mains (dont l’image retenue ce matin par plusieurs quotidiens, datée de 2013), cet échantillon de plus de 70 photos comporte une gamme d’options sensiblement plus variée, avec des portraits plus neutres, plus interrogatifs ou même quelques propositions comiques.

Extraits du choix d'images AFP (28/05/2014).

La retenue des journaux de ce matin ne s’explique donc pas par une absence de sources iconographiques, mais suggère plutôt la prudence éditoriale, face au caractère encore indistinct des responsabilités ou aux rebondissements encore imprévisibles de l’affaire. Elle confirme a contrario l’idée déjà exprimée ici que le recours à la caricature ne se justifie qu’à partir d’une condamnation morale.